C’est l’histoire d’un retour aux sources inattendu. Il y a quelques semaines, F.P. Journe a racheté aux enchères une pendule qu’il avait lui-même créée trente ans plus tôt. Cette pièce, la Sympathique N°1, a trouvé preneur pour 5,8 millions d’euros, confirmant son statut d’icône horlogère.
Au-delà du chiffre, c’est toute une symbolique qui se joue : celle d’un hommage à Abraham-Louis Breguet, dont l’héritage résonne toujours à travers les créations d’aujourd’hui et les lieux qui les préservent, à commencer par le musée Breguet, à Paris.
Une pendule d’exception : la Sympathique N°1
La pendule Sympathique N°1 conçue par F.P. Journe en 1991 est une réinterprétation contemporaine de l’invention d’Abraham-Louis Breguet présentée pour la première fois en 1798.
Il s’agit d’une pendule en or jaune 18 carats, accompagnée d’une montre-bracelet tourbillon dotée de complications rares telles qu’une phase de Lune, une équation du temps, un thermomètre et un calendrier complet.
La particularité technique de cette pièce réside dans son mécanisme de synchronisation. Lorsque l’on place la montre dans le berceau supérieur de la pendule, celle-ci la remonte automatiquement et ajuste l’heure avec une précision de pointe.
Il s’agit d’un hommage moderne au concept initial de Breguet qui, à la fin du XVIIIe siècle, avait imaginé cette étonnante interaction entre pendule et montre de poche.
Quand F.P. Journe rachète sa propre création
Cette pendule a donc été rachetée par F.P. Journe lors de la vente aux enchères du 10 mai organisée par la maison Phillips à Genève. Estimée initialement à plus d’un million de francs suisses, elle a finalement été adjugée pour 5,505 millions de francs suisses (soit environ 5,8 millions d’euros) ; un record pour une pendule Sympathique moderne.
Après une intense compétition, Journe, déterminé à récupérer cette pièce emblématique qu’il avait lui-même fabriqué, a surpassé les autres enchérisseurs. Il prévoit désormais de l’exposer dans son musée à Genève, dans une démarche à la fois patrimoniale et pédagogique.
Le musée Breguet : sanctuaire d’un maître du temps
Le musée justement, parlons-en ! Breguet y célèbre son patrimoine horloger depuis l’inauguration en 2000 par Nicolas G. Hayek. Situé au premier étage de la boutique historique de la place Vendôme, l’endroit rassemble plusieurs centaines de montres, de pendules, de croquis techniques et de documents d’archives retraçant plus de deux siècles d’innovation.
Les visiteurs peuvent y découvrir les grandes inventions signées Breguet : le tourbillon, le pare-chute, le spiral Breguet, ou encore l’esthétique reconnaissable entre toutes des aiguilles pomme et des cadrans finement guillochés. En bref, un haut lieu d’histoire autant que d’inspiration.
Pour les initiés comme pour les curieux, la redécouverte de la pendule Sympathique N°1 est une occasion unique de saisir le subtil mélange de mécanique, d’art et de science qui fonde l’identité même de l’horlogerie d’exception. N’hésitez donc pas, si vous passez par la capitale, à aller l’admirer de vos propres yeux au musée Breguet.
Aurélien
18 juin 2025 à 15 h 19 minExcellent article ! Bravo pour ce regard à la fois passionné et accessible ! J’ai vraiment apprécié la façon dont vous retracez le fil entre la Sympathique N°1, Breguet et F.P. Journe ; on sent bien que l’esprit d’innovation perdure. Un petit focus technique sur le berceau — comment il remonte automatiquement la montre et ajuste l’heure — pourrait rendre l’exploit mécanique plus parlant pour les lecteurs moins pointus. Merci aussi pour la suggestion de passer au musée place Vendôme : ça donne envie d’aller admirer de près ces chefs-d’œuvre.