Quand l’horlogerie suisse se retrouve contrainte par une mesure politique imposée outre-Atlantique, l’impact se faire sentir. Le 7 août 2025, l’annonce faite par l’administration Trump d’une surtaxe de 39 % sur les importations suisses a déclenché une onde de choc dans le secteur. En avril dernier, nous avions déjà évoqué ce sujet sur Mr Montre. Depuis, la situation a changé (comme chaque matin avec Monsieur Trump) et il est temps de faire le point sur ce qui s’est passé.
Le contexte du tarif à 39 %
Le 39 % de droits de douane imposé dès le 7 août 2025 est le résultat d’une escalade spectaculaire : après un précédent palier à 10 %, le gouvernement américain a pris cette mesure malgré des efforts de négociation du côté suisse. Cette décision frappe de plein fouet un secteur hautement concentré sur les exportations. Rien qu’aux États-Unis, les ventes de montres suisses représentent 16,8 % du total, soit près de 4,4 milliards de francs suisses.
Si l’on rajoute à cette surtaxe d’autres éléments extérieurs comme un franc suisse fort et une hausse des prix des matières premières (notamment l’or), la rentabilité des horlogers se trouve encore davantage fragilisée. D’ailleurs, certains producteurs tels que Victorinox envisagent désormais de déplacer certaines étapes de production comme l’emballage ou le nettoyage aux États-Unis, afin de réduire la valeur déclarée à la douane, et de limiter la surtaxe à hauteur de 10–15 %.
Des prix qui montent, qui montent
Les marques les plus prestigieuses ne sont pas épargnées. Rolex, Omega ou encore Patek Philippe voient leurs modèles directement touchés par la surtaxe. Concrètement, une montre initialement vendue autour de 10 000 USD pourrait désormais dépasser les 14 000 USD.
Pour certains analystes, la facture grimpera jusqu’à +65 % pour les consommateurs américains, en combinant effet de change et surtaxe.
Les répercussions sur le marché secondaire
Les prix du marché des montres d’occasion sont eux aussi perturbés. La surtaxe s’applique parfois aux pièces vintage ou de seconde main selon leur origine, ce qui entraîne une augmentation des coûts même sur ce segment. En outre, plusieurs spécialistes anticipent une flambée de 10 % à 35 % sur les prix du marché secondaire dans les prochains six mois.
Transparence et réaction des distributeurs
Certains détaillants, comme Christopher Ward, ont choisi la transparence frontale : au moment du paiement, la taxe douanière apparaît clairement comme poste séparé. Cette démarche, pour l’instant rare, risque bien de devenir un standard destiné à éviter la frustration des acheteurs.
En parallèle, plusieurs marques envisagent de réduire leurs ambitions sur le marché américain, ou du moins de le revoir à la baisse. Cela pourrait impliquer une relance vers d’autres contrées en Europe, en Asie ou en Moyen‑Orient par exemple.
Enfin, les petites maisons et micro-marques se retrouvent particulièrement fragilisées. En effet, sans la puissance financière des grands groupes, absorber un tel surcoût devient quasi impossible, au point que certaines envisagent de suspendre leurs ventes aux États-Unis.
Et pour les passionnés d’horlogerie ?
Cette surtaxe de 39% bouleverse toute la chaîne, du collectionneur chevronné au simple amateur. Les nouveautés deviennent plus rares ou sont affichées à des tarifs nettement supérieurs, poussant certains passionnés à se tourner vers les marchés étrangers ou vers l’occasion. Quant aux jeunes acheteurs qui voyaient l’achat d’une montre suisse abordable comme une première porte d’entrée vers le luxe, ils risquent malheureusement de changer d’avis.
En résumé, la surtaxe de 39 % imposée par l’administration Trump sur les produits suisses est un vrai coup dur pour l’horlogerie helvétique. Elle bouleverse les modèles d’affaires, remet en cause les stratégies commerciales et contraint des ateliers et maisons centenaires à réagir. Reste à savoir quelles marques arriveront à sortir la tête de l’eau face à cette épreuve, tout en gardant à l’esprit que les choses peuvent très rapidement évoluer.
Sources : Ainvest, Reuters, Business Insider
Bonjour, la petite touche polémique-ironique made in France, avec « (comme chaque matin avec Monsieur Trump) » est vraiment superflue.
Je viens ici pour lire de montres, pas pour faire de la politique.
Monsieur Trump a été élu par le peuple américain pour servir son Pays et, visiblement, il le fait bien.
Que cela ne plaise pas au Pays de Monsieur Macron est une évidence, mais il faut apprendre à respecter les autres et, surtout, à rester concentrés sur son rôle. Ici on parle de montres.
Merci et bon weekend.